« Un amour de guerre »

D’Olivier KERAVAL et LEYHO

1942, on tourne près de Rennes un film secret de propagande allemande. La jeune actrice Hélène, qui rêve de gloire, a-t-elle conscience du danger qui infuse ce drôle de milieu, le cinéma sous la Collaboration ?

Etes-vous fans des bandes dessinées ? Ou plutôt ouverts à de nouvelles expériences ? L’Histoire vous passionne ? Ou plus particulièrement la Seconde Guerre Mondiale ? Si vous répondez oui à l’une de ces questions, alors ce livre est fait pour vous. En ce qui me concerne, je l’ai reçu dans le cadre de la masse critique Babelio (que je remercie) et je suis ravie d’avoir découvert un nouveau style littéraire. Je remercie également les éditions Locus Solus pour cet envoi.

Le milieu du cinéma sous la Collaboration

Anne est une jeune artiste vivant dans une maison en pleine campagne. Elle reçoit un appel de l’EHPAD où réside sa maman, atteinte de la maladie d’Alzheimer. La mémoire de sa mère s’efface et cette dernière souhaite lui parler. En arrivant sur place, le médecin lui indique que la perte de mémoire s’aggrave. Hélène a décidé de raconter une ancienne histoire à sa fille et lui révèle que son vrai père n’est pas celui qu’elle croit. Pour en savoir plus, Anne va devoir retourner dans le passé, en 1942, sur les traces de sa mère, actrice à l’époque, et plus précisément dans le village de Corps-Nuds. Malheureusement, réveiller le passé, en particulier les souvenirs de l’occupation allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, ne va pas être simple.

« -En 1942, avec mes parents nous habitions un petit appartement. Nous survivions tant bien que mal.

-Je sais tout ça. Le 4 rue Gounod, à deux pas du métro Péreire. L’occupation. Papy aux impôts…

– Ô ma chérie, mon Dieu, tout est allé si vite, comment ai-je pu… »

Des graphismes secs associés à une écriture fluide

Extrait de la bande-dessinée « Un amour de guerre »

Je ne suis pas une habituée de la bande dessinée mais j’aime découvrir de nouveaux styles littéraires. En ce qui concerne cet ouvrage en particulier, j’ai trouvé les dessins un peu durs, les traits un peu secs. Malgré tout, les couleurs sont harmonieuses et en adéquation avec le fond de l’histoire. Les dessins sont très détaillés et rendent la lecture à la fois plaisante et intéressante. Le tournage du film dont parle l’histoire d’Olivier Keraval et de Leyho (Léo Régeard) s’est réellement produit et les personnages ont réellement existé. Lorsque l’on compare les dessins et les photos de l’époque, la ressemblance est vraiment frappante.

Pour le texte, j’ai apprécié l’écriture fluide et concise. Les dialogues entre les personnages vont directement à l’essentiel, en nous donnant rapidement l’information importante. Pour autant, ces échanges sont réalistes et très cohérents pour l’époque abordée (car, bien que je ne maîtrise pas le genre graphique, je connais très bien la Seconde Guerre Mondiale).

Un amour de guerre, Olivier Keraval et Leyho

De l’information de façon agréable et synthétique

La bande dessinée présente de nombreux avantages, notamment la possibilité d’imager et de rendre l’histoire plus réaliste. Elle peut également donner lieu à de magnifiques objets livres. Par contre, l’inconvénient selon moi, est de devoir transmettre des messages, des idées, de façon succincte, rapide. L’ouvrage ici ne fait que 71 pages. Et bien, Olivier Keraval s’en sort merveilleusement bien car nous n’avons pas l’impression qu’il manque de l’information et la lecture est réellement fluide.

Concernant ma connaissance de la Seconde Guerre Mondiale, il me reste encore beaucoup de choses à découvrir, le sujet étant tellement vaste. Et le cinéma sous l’occupation est une des thématiques que cette bande dessinée m’a fait découvrir. J’ai quelques notions sur la propagande nazie mais il est vrai que je ne m’y suis jamais réellement penchée. Ce livre me donne envie d’aller plus loin, notamment du fait de la présente, à la fin de l’histoire, d’un cahier documentaire. Bien que synthétique, il aborde les différents sujets présentés dans la BD, notamment l’influence de l’image, le cinéma et la Bretagne durant la guerre, le décor orthodoxe, ou encore la maladie d’Alzheimer. Cette dernière est évoquée rapidement et bien qu’elle ne serve qu’à lancer le scénario, elle est décrite de façon assez réaliste.

Catégorie « Argent » 8/10

Le fait que je lise peu de bandes dessinées est simple, j’aime pouvoir me plonger complètement dans les histoires que je lis et j’ai toujours l’impression de fermer trop rapidement le livre lorsqu’il s’agit de littérature graphique. Pour autant, j’ai réellement apprécié « Un amour de guerre », mêlant fiction et réalité. Vous pouvez donc vous lancer dans cette lecture sans aucune hésitation. Et vous ? Quelles sont les BD qui vous ont marqué ? Quel livre abordant la Seconde Guerre Mondiale me conseilleriez vous ? En ce qui me concerne, n’hésitez pas à lire mon article sur « Par amour » cliquant sur le lien.

Scénariste de bande dessinée, Olivier Keraval signe Danse macabre en 2012 chez Sixto puis Comme un as au sein du collectif Quais divers (Sixto) où se sont illustrés Briac et Olivier Thomas, entre autres. La Jégado, tueuse à l’arsenic (Locus Solus, 2019) est son dernier album (avec Luc Monnerais), qui donne lieu à un magistral travail sur les archives du XIXème siècle, et à une grande exposition populaire : « La Jégado : Un bol d’arsenic ? ». Il réside à Rennes.

Dessinateur-illustrateur, Leyho (Léo Régeard) est passionné d’histoire et de cinéma. Il travaille dans les effets spéciaux cinéma-animation, d’abord à Paris dans d’importantes sociétés de post-production, puis à Dublin (Irlande) où il collabore à des séries US comme Game of Thrones. Il vit aujourd’hui à Rennes et a publié la BD remarquée Chiens bleus, chiens gris (Locus Solus, 2019).

(Informations sur les auteurs, issues de la bande-dessinée « Un amour de guerre »)

Editions Locus Solus

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